07/05/2011

La mairie de Paris « minable » à son tour | Témoignage sur la fin de l’occupation du 51, avenue Bolivar

de CIP - IDF




Contrairement à ce qu’elle affirme dans son communiqué mensonger d’hier, la proposition de la Mairie face à l’occupation du 51, Av. Bolivar par plusieurs centaines de personnes du collectif des Tunisiens de Lampedusa à Paris ne consistait au soir du 3 mai que de cent places en tout et pour tout, pour une durée d’un mois, dans un foyer invraisemblablement situé dans les quartier les plus chics de la capitale. Détail qui tue, et qui fut dit à demi-mots au négociateurs Tunisiens de sorte qu’il fut répercuté tardivement aux intéressés, le foyer est fermé entre 9 heures et 18 heures, ce qui signifie être contraint de circuler en permanence dans ce quartier extrêmement flicqué.



Mais il y a pire. L’accord entre la Mairie et la Préfecture passé ce jour là apparaît aujourd’hui plus clairement : 100 Tunisiens quittaient le 51, avenue Bolivar pour rejoindre le foyer, et les autres, ceux qui restaient, moins de monde mais les plus déterminés à continuer la lutte, seraient immédiatement expulsés, expulsés du 51, avenue Bolivar et dans la mesure du possible du territoire français.



Et ceux placés dans le foyer, auraient ils été arrêtés dans les jours qui suivent, petit à petit, Monsieur le Maire ? Etait-ce l’ultime clause secrète de ce plan ? Après tout, à Nice, la police a arrêté ce jeudi matin des Tunisiens dans un foyer même.



Soumis à la pression intense de la Mairie d’en finir rapidement avant la fin de l’après-midi et de mettre en œuvre ce plan inique qui les divisait, et une fois surmonté la difficulté terrible de choisir qui parmi eux partiraient effectivement ce soir là vers , les Tunisiens commencèrent vers 22 heures à sortir du bâtiment pour se diriger vers le métro, puisque la Mairie avait eu la grandeur d’âme d’acheter pour eux 100 tickets. A ce moment où ils purent s’apercevoir de l’immense dispositif policier qui attendaient leurs copains qui ne partaient pas, certains Tunisiens déchirèrent leur ticket de métro devant les yeux des responsables de la Mairie.



Dans la confusion qui s’en suivit, la Mairie fit à la hâte la proposition d’affrêter un bus municipal pour faire le trajet. La Police expliqua d’abord qu’elle en profiterait pour intervenir et intercepter ce véhicule pour le contrôler. Lorsqu’elle admis tout de même qu’un tel autobus puisse circuler sans qu’elle puisse en profiter, la place devant le 51, avenue Bolivar était bien remplie.



Le représentant de la Mairie au représentant des Tunisiens : « —Si le bus vient, est-ce que vous pouvez me garantir que les personnes monteront dedans ? »



Le représentant des Tunisiens au représentant de la Mairie : « Et ceux qui restent, est-ce que vous pouvez me garantir qu’il ne seront pas arrêtés ? »



Le représentant de la Mairie : « Je ne peux pas vous le garantir. »



Le représentant des Tunisiens : « Alors moi non plus, je ne peux  pas vous le garantir »



Le temps passait et la situation s’enlisait lorsqu’un Tunisien se posta au niveau du toit du bâtiment pour s’adresser à la foule avec un mégaphone. La Police, sans aucune forme de discussion avec qui que ce soit, fit intervenir la grande échelle des pompiers qui se trouvait non loin de là. L’arrivée précipitée de l’énorme véhicule rouge au milieu de la foule rassemblée devant le bâtiment provoqua immédiatement une protestation unanime. Des chants, des slogans en arable fusèrent, les Tunisiens se soudèrent, retrouvèrent l’esprit collectif qui s’était constitué lorsqu’ils participèrent au cortège du Premier Mai avec la banderole même qui flottait au dessus d’eux sur le 51, avenue Bolivar. La grande échelle recula, les chants s’amplifièrent, à ce moment la place leur appartenait, ils étaient chez eux au 51 avenue Bolivar, et ils y resteraient tous ensemble.


Des policiers de la BAC armés notamment de flashball tentèrent de les intimider. Déterminés, ils les repoussèrent en chantant, sans même que les bacqueux ne puissent comprendre qu’ils scandaient : « Que ce soit des lacrymos où des armes à feu, cela ne nous arrêtera pas ! ».



A partir de là, les responsables de la Mairie et de la Police se concertèrent dépités pendant un moment puis firent avancer le bus dans lequel montèrent effectivement une poignée de Tunisiens rejoint par le staff de la Mairie, plus nombreux qu’eux. L’esprit de fête de l’unité retrouvée perdura un moment sur la place avant que la fatigue des trois jours d’occupation ne l’emporte.



Le lendemain, sans qu’un quelconque ultimatum ou signal ne soit communiqué aux occupants, alors que les abords immédiats du bâtiment n’étaient depuis le matin surveillés ouvertement que par deux policiers municipaux, l’attaque était lancée par surprise, dans une violence extrême et vu la configuration du bâtiment, tout en coursives et en passerelles suspendues au dessus du vide, au risque d’accidents mortels. Mais la vie de Tunisiens compte-t-elle pour ceux qui ont ordonné cette opération ? L’accord entre la Mairie et la Préfecture était devenu : « Arrêtez les tous.».



Charlotte, le 5 mai 2011


LETTRE À L’ATTENTION DU MAIRE DE PARIS, LES TUNISIENS DE LAMPEDUSA À PARIS - DROIT DE RÉPONSE DE TUNISIENS EXPULSÉS DU 51 AVENUE BOLIVAR AU PRÉSIDENT DE LA VILLE DE PARIS
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5621

Arrestation des sans papiers occupant le 51 avenue Simon Bolivar : de qui la Ville de Paris est-elle l’amie ?
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5620

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Les Tunisiens occupent un gymnase depuis cet après midi samedi

http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5623