25/05/2011


Composition de classe et organisation du commun
Séminaire Uninomade
Gênes, samedi 18 et dimanche 19 juin 2011
Repenser la co-recherche dans les luttes du précariat et du travail cognitif.


Les 18-19 juin nous “revenons” à Gênes. Nous le faisons dix ans après la Gênes du mouvement global, bien sûr, et après un demi-siècle de la Gênes des chemises à rayures. Juillet 1960, en effet, n’est pas du tout réductible à la mobilisation anti-fasciste, ni à la défense de la constitution née de la résistance. Au cours de ces jours de bataille, s’incarnait l’émergence d’une nouvelle composition de classe. Deux ans après, il y avait la révolte de Piazza Statuto. Mais ce ne sont pas les événements pour eux-mêmes qui nous attraient, ni leur célébration : ce qui nous intéresse, avant tout, ce sont les processus et les tendances, à l’intérieur desquels se forment les luttes et la subjectivité, et se produisent les événements. Car il ne se donne pas d’autonomie de la révolte aud-delà des processus d’organisation politique, comme il n’y a pas non plus d’autonomie de la politique qui, arrivant après la révolte, la met en forme et la représente. L’organisation est immanente à la composition de classe, ou bien simplement elle n’est pas. 
Beaucoup de choses ont changé depuis 2011, presque tout des cycles de luttes ouvrières. Une chose est certaine : le rapport entre composition technique et composition politique est aujourd’hui impensable dans les termes par lequels il avait été pensé dans les années 1960. Les processus – ouverts, scandés et poussés en avant par les luttes des dernières décennies – de cognitivisation de la forme-usine, le réseau et la métropole comme nouvelles coordonnées spatio-temporelles de la production, le caractère résolument transnational et hétérogène du travail vivant, constitutivement précaire et mobile, confondent constamment composition technique et composition politique, en les superposant et en les distanciant en même temps. En somme, dans la mesure où le commun devient la base et la ressource centrale de la production, aujourd’hui la composition politique est à repenser à partir de l’organisation du commun et de la construction d’institutions autonomes.
Voici pourquoi on ne peut pas simplement revenir à la Gênes des chemises rayées, et pas non plus à celle du mouvement global. Au milieu, au cours de la dernière décennie, il y a l’émergence de nouveaux processus de conflit et d’organisation dans la composition de classe, de la part de précaires, étudiants, migrants. Et il y a l’irruption violente de la crise économique globale, qui montre l’intime fragilité des formes de l’accumulation contemporaine fondées sur la financiarisation et sur la capture de la coopération sociale. Dire capitalisme cognitif, cela signifie de dire crise comme condition permanente et horizon insurmontable de son développement.
C’est donc justement à partir des luttes européennes et transnationales dans la crise (du mouvement des étudiants et précaires qui a enflammé l’automne dernier à la résistance ouvrière, jusqu’à la révolution en Afrique du Nord) que nous voulons repenser l’enquête en tant que pratique constituante. La co-recherche est, aujourd’hui, immédiatement organisation du commun. “Revenir” au thème de la composition de classe, alors, signifie de construire ce qui n’est pas, de mettre les problèmes l’un derrière l’autre, de proposer de nouveaux parcours et de tenter des hypothèses en avant.
Il y a dix ans à peu près, à la question si eux, les ouvriéristes, s’attendaient à l’explostion de Piazza Statuto, Romano Alquati répondait : “Nous ne l’attendions pas, mais nous l’avons organisée”. Au fond, la vérité de ce que nous devons construire et repenser radicalement aujourd’hui, est entièrement là.


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