15/07/2011

MANIFESTATION NO TAV - DISCOURS D’UNE FEMME AUX FORCES DE L’ORDRE

1ER JUILLET 2011

http://www.youtube.com/watch?v=HOMcJk1RjBE


" Si aujourd'hui, en Italie, de nombreux comités sont en train de s’organiser pour dire « non » aux grandes œuvres publiques et pour défendre les biens communs, ce n’est pas pour le syndrome NIMBY (qui signifie « pas dans mon jardin »), mais car pendant trop longtemps les « oui » prononcés ont dévasté le paysage et miné notre santé physique et mentale.
Vous ayez vu combien d'hôpitaux ont été construits, déjà pourvus d’équipements spécifiques n’étant pas encore été mis en service, probablement pour servir les intérêts de certains ? Sincèrement, je ne sais pas. Je sais seulement que des millions, des milliards de lires ont été dépensés : dépensés et gaspillés. L’autoroute Salerno - Reggio Calabria, ça fait quarante ans qu’ils n’arrivent pas à la terminer ! Mais à votre avis, c’est vraiment possible de ne pas être en mesure de terminer un chantier d'autoroute ?! Il ne vous passe pas par la tête que quelqu'un est en train d’en bouffer, d’en profiter ? Sur la question du TAV (Train Haute Vitesse) Florence – Bologne il y a eu plusieurs avertissements, plusieurs condamnations, cependant on a passé l’éponge. Désormais tout le monde pense que nous sommes habitués à ce genre de choses ; ils nous ont vaccinés, entraînés, et ça nous convient bien.

J’aimerais beaucoup… je ne veux pas vous convaincre a priori, car je sais que si vous étiez de mon côté vous seriez de ce côté de la bannière, très belle par ailleurs. Car vous aussi, vous vous rendez compte que la démocratie est de ce côté, ainsi que la légalité. Vous voyez bien que je ne suis pas une personne violente comme ils voudraient vous faire croire et que beaucoup de personnes ici présentes sont absolument pacifiques. Nous avons tous un travail. Moi j’ai deux enfants, j'ai une famille. Aujourd’hui, si je choisis de passer mon temps libre ici c’est parce que je veux pouvoir regarder mes enfants en face. Je veux pouvoir les regarder dans les yeux et leur dire : « Pour vous je voudrais un avenir meilleur ». Bien que je ne sois pas tellement liée au terme légalité, car pour moi c’est l’éthique qui est importante, la morale. Les lois sont simplement des choses faites par les hommes.
Mais je voudrais... même si je n’arriverai pas à vous convaincre, je voudrais pouvoir instiller le doute en vous, quelque chose qui vous amène, comme cela a été pour moi, à rechercher des informations différentes de celles que vous avez déjà, de celles dont ils ont voulu vous persuader. Je ne dis pas que vous devez être convaincus de la justesse et de la vérité de mes informations. Mais au moins, cherchez de comprendre par vous-mêmes, à travers d’autres sources que celles que vous connaissez déjà. Peu importe lesquelles ! Cherchez à comprendre l’origine de leurs « oui », et puis cherchez à comprendre les raisons de notre « non », et vous verrez que le seul argument qu’ils divulguent est que nous nous méfions du progrès et que nous voulons rester en dehors de l’Europe. Cependant, il me semble que nous n’habitons plus dans des grottes, nous avons tous une maison, nous avons une voiture, et en plus nous avons des supermarchés ! Les étagères de nos centres commerciaux sont pleines de marchandises : nous n'avons jamais été hors de l'Europe. Pour ce qui me concerne, je ne me sens pas une primitive, même si quelques fois ça me plairait bien. Mais ça, c'est une autre affaire.
Cherchez à comprendre les raisons, n’écoutez pas simplement ce qu’ils vous disent. Faites comme nous avons fait : enquêtez, informez-vous, lisez. Non pas pour changer de métier, peut-être que vous ne le changerez jamais, ce n’est pas le moment pour changer de métier ! Ceci pour vous dire que je peux comprendre que vous le faites pour l'argent. Moi aussi je travaille pour l'argent, mais heureusement pour moi mon métier me plaît. Alors, faites-le pour vous, faites-le pour votre intelligence. Parce que c'est un affrontement, une insulte à votre intelligence que de vous dire que cette opération est nécessaire. Et surtout de vous convaincre que leurs « oui » sont vrais.

Essayez, faites-le. Faites-le pour vous, pour vos familles. Faites-le pour... vous prêtez un serment, non, quand on vous recrute ? Je ne sais pas, je ne connais pas vos systèmes. Mais je pense que vous jurez d’être fidèles à une loi, que vous voulez défendre les droits des citoyens, comme nous avons lu dans le premier communiqué.
Voilà, en ce moment, vous n’êtes pas en train de défendre les droits des Italiens. Vous êtes en train de défendre les entreprises conniventes avec la mafia. Alors, je vais vous montrer quelque chose. Voilà toutes les enquêtes faites au sujet des entreprises sélectionnées pour cette œuvre publique : il n’y a pas une seule entreprise nette, mêmes les concours n’ont pas été nets. Par exemple, aucune entreprise européenne n’a pu participer à ce concours, seulement certaines entreprises italiennes ont été interpellées et seulement celles qui leur convenaient ! Alors, essayez de vous demander si, en ce moment, vous êtes du côté de la légalité, ou si au contraire, vous êtes en train de protéger les intérêts de ceux qui ont toujours traité l'Italie de cette façon. Car de toute façon nous le savons, avouons-le : chaque jour on se regarde en face et on se sent impuissant. Donc si vous êtes vraiment de ce côté, ceci implique que vous vous battez contre des citoyens qui luttent pour les mêmes choses, et que cette guerre entre nous n'a aucun sens. J’aimerais penser que derrière vos uniformes, que derrière vos boucliers, il y a des personnes, des êtres humains. Parce que vous êtes là. Parce que putain, vous êtes des personnes, vous êtes des personnes comme moi, et vous avez un cerveau. Utilisez-le.

Peut-être que vous me voyez comme une subversive, une révolutionnaire... dans ce cas je vous dirais : « Boycottez, laissez tout tomber et passez du côté des citoyens ». Mais je comprends que vous ne puissiez pas le faire. Cependant, vous pouvez passer le mot, et surtout vous pouvez vous refuser de nous faire du mal !
Je ne sais pas si avant je l’ai dit à vos collègues, ou si c’est à vous que je l'ai dit. Les gaz que vous nous avez tiré dessus lundi matin, sont des gaz cancérigènes. Après cinq minutes de contact avec ces gaz, même vos masques ne sont plus en mesure de vous protéger, car ils modifient votre ADN. Ce sont des gaz interdits en Europe, ainsi que dans les conflits internationaux. Il n’y a que vous qui pouvez les utiliser, ici en Italie, c'est tout ! Ils sont cancérigènes, toxiques, et ils ont un effet permanent. Ok ? Si je décidais d'avoir des enfants après être entrée en contact avec ces gaz, je transmettrais à mon fils toutes les modifications génétiques induites par ce gaz !

Vous êtes jeunes, beaucoup d’entre vous n’ont probablement pas d’enfants, mais en auront à l'avenir. Ces gaz sont toxiques aussi bien pour moi que pour vous, et vous savez très bien que ceux qui vous commandent n'ont jamais préservé votre santé. Vous avez vu les bombes au phosphore blanc qu’on utilise aujourd’hui dans les missions internationales ? Les premiers à en avoir payé les conséquences c’est vous, vous et la population atteinte ! C'est seulement après qu’ils vous ont parlé des séquelles. Seulement après que vous aviez tous été exposés à ces... c’est des armes cancérigènes ! Ce sont les armes avec lesquelles Saddam Hussein a été abattu, car il possédait des armes chimiques qu'il aurait utilisé sur la population. Et vous, vous les avez utilisées sur nous !
Je faisais partie de ceux qui devaient fournir du secours à la population. Il y avait des personnes âgées qui ce matin nous ont dit : « Nous sommes ici nous aussi. Nous sommes vieux, nous n’arrivons pas à croire qu’ils viendront nous attaquer. Ils ne viendront pas. Nous sommes pacifiques. Regarde : j'ai quatre-vingt ans, j'ai fait la Résistance. Ne vous inquiétez pas les jeunes, ils ne vous attaqueront pas. Nous sommes trop pacifiques ».
Et puis nous nous sommes retrouvés, dans le pré, là-haut, dans une situation qui... vous, vous aviez les masques, peut-être que vous ne sentiez pas ce que nous avons senti. Moi j’étais pliée par terre, le visage contre terre, je ne pouvais pas
respirer. J’avais l’impression que j’allais crever. Pour moi, c'était... je n'avais jamais vécu une situation pareille. Je ne suis pas habituée à faire la guerre dans les rues. Je n’y suis vraiment pas habituée.
Dans la tentative d'aider les personnes âgées, des asthmatiques parfois, je me sentais impuissante, je sentais que j’allais mourir. Ceux que vous appelez des insurgés, des anarchistes, des antagonistes, des violents, ont été les seuls qui nous ont donné un coup de main. Peut-être parce qu'ils étaient mieux préparés que nous à cette possibilité. Ils nous ont mis des choses sur le visage qui nous ont fait sentir mieux. Nous, nous n’étions absolument pas préparés. Vous étiez en train de nous tuer !

Alors que nous étions dans les bois, que nous étions en train de fuir car désormais vous aviez pris le site, que vouliez-vous de plus ? Encore des lacrymos, avec des gens qui se sautaient dessus pour s'échapper.
Est-ce que vous vous rendez compte ? C'est que dans le fond, j'espère que vous pensez à ce genre de choses, car je ne peux pas croire que vous n’ayez jamais de doutes au sujet de ceux contre qui vous tirez. Vous êtes... vous êtes des pions dans les mains d’un pouvoir qui s’en fout complètement, non seulement de nous, mais aussi de vous. Rien de Rien. Pour eux, nous sommes simplement de la viande d’abattoir, nous comme vous, exactement de la même manière. La seule chose qu'ils veulent, c'est l'argent, le pouvoir, le pouvoir économique. Et pour ce faire, ils vous exploitent et vous montent contre les citoyens qui travaillent du matin au soir et qui essayent de défendre la démocratie. C’est pourquoi je vous dis : pensez-y !"




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