de JUDITH REVEL et TONI NEGRI
Il ne fallait pas beaucoup d'imagination pour prédire des révoltes urbaines sous la forme de jacqueries, une fois que l'analyse de la crise économique actuelle fut reconduite à ses causes et à ses effets sociaux. Dès 2009, dans Commonwealth, cela avait en effet été prévu.
Ce que nous n'avions pas prévu, au contraire, c'est qu'en Italie, dans le mouvement, cette prévision aurait pu être refusée. Elle paraissait, comme cela nous avait été dit, ancienne ; on nous disait au contraire : voici le moment de reconstruire de larges fronts contre la crise, d'établir dans les mouvements des formes d'organisation-communication-reconnaissance qui touchent la représentativité politique.
Maintenant nous nous trouvons toutefois face à des mouvements qui s'expriment sous des formes insurrectionnelles plus ou moins classiques, mais qui se donnent partout, en éradiquant ainsi la vieille grammaire géopolitique dans laquelle d'aucuns continuaient obstinément à vouloir penser. Elles se donnent des manières suivantes :
1) Là où un nouveau prolétariat – fait de précaires et de chômeurs – se joint avec les classes moyennes en crise. Ce sont des sujets différents qui s'unifient de manière inédite dans la lutte - comme dans les pays du sud méditerranéen - pour demander de nouvelles formes de gouvernement, plus démocratiques. La dictature politique des Ben Ali et celle politico-économique de nos démocraties de façade ne sont certainement pas équivalentes – même si ces dernières ont savamment construit, appuyé et protégé les premières pendant des décennies – mais désormais l'envie de démocratie radicale se donne partout et trace un commun de lutte à partir de fronts différents, permettant des intersections et des mixtures, en hybridant les revendications des uns avec celles des autres;
2) Là où ces forces sociales mêmes, qui souffrent la crise dans des sociétés faites de rapports de classe désormais décidément contrôlés par les régimes financiers à l'intérieur d'économies mixtes, manufacturières et/ou cognitives, bougent sur des terrains différents (les mouvements des ouvriers, des étudiants et des précaires en général, avant; et maintenant des mouvements sociaux complexes du type « acampados ») avec la même détermination ;
3) Là où la reprise de mouvements de pur refus est traversée par des compositions sociales complexes, stratifiées à la fois verticalement (les classes moyennes précipitant vers le prolétariat de l'exclusion), et horizontalement (dans les différentes sections de la métropole, entre la gentrification et des zones désormais « brésilianisées » - comme le rappelle Saskia Sassen -, c'est-à-dire là où les affrontements entre les gangs commencent à laisser des traces de kalashnikov sur les murs des quartiers, car la seule alternative – dramatique, entropique –à l'organisation des luttes est celle de la criminalité organisée).
Les révoltes anglaises actuelles appartiennent à cette troisième espèce et ressemblent beaucoup à celles qui ont traversé il y a quelque temps les banlieues françaises : un mixte de rage et de désespoir, des fragments d'auto-organisation et des bribes de sédimentation d'autre type (groupes de quartier, solidarité de réseau, etc.), qui expriment désormais le caractère insupportable d'une vie réduite à ses décombres. Les décombres que les révoltes laissent derrière elles, sans doute inquiétantes, ne sont pas, tous comptes faits, si différentes de celles qui constituent le quotidien de nombreux hommes et femmes aujourd'hui : des bribes de vie, d'une façon ou d'une autre.
Comment ouvrir la discussion sur ce complexe de phénomènes du point de vue d'une pensée du commun ? Ce que nous formulerons ci-après a comme seule intention d'ouvrir un espace de débat.
Avant tout, nous pensons qu'il faut repousser certaines interprétations que les moyens de communication des classes dominantes véhiculent.
En premier lieu, on dit qu'il s'agit là de mouvements (ceux desquels nous parlions) qu'il faut considérer, du point de vue politique, du côté de leur « radicale » diversité. Maintenant, il est évident que ces mouvements sont politiquement différents. Mais dire qu'ils le soient « radicalement », cela est simplement idiot. Tous ces mouvements peuvent être, en effet, qualifiés comme radicaux non seulement par l'opposition à Ben Ali ou à d'autres dictateurs, non seulement par la dénonciation de la trahison politique de Zapatero ou de Papandreou, non seulement par la haine envers Cameron ou par le refus du diktat de la BCE. Il sont radicaux, plutôt, en vertu du refus commun de payer les conséquences de l'économie et de la crise (rien ne serait plus faux que de considérer la crise comme une catastrophe éclatée à l'intérieur d'un système économique sain ; rien de plus terrible que de regretter l'économie capitaliste avant la crise), c'est-à-dire l'énorme déplacement de richesses qui est en train de s'opérer à la faveur des puissants, organisés comme ils le sont dans les formes politiques des régimes occidentaux (démocratiques ou dictatoriaux, conservateurs ou réformistes…).
Voici des révoltes qui naissent en Egypte, en Espagne, en Angleterre par le refus simultané de l'assujettissement, de l'exploitation et du saccage que l'économie a prédisposé pour les vies de populations entières du monde, et des formes politiques dans lesquelles la crise de cette appropriation biopolitique a été gérée. Et ceci est tout aussi vrai pour tous ces régimes appelés « démocratiques ». Cette forme de gouvernement ne semble pas préférable, si ce n'est pour l'apparente « civilité » par laquelle elle masque l'attaque portée à la dignité et à l'humanité des existences qu'elle met en pièces : la dissolution des rapports de représentativité a rejoint des mesures catastrophiques. Quand on affirme qu'il existe – selon les critères de la démocratie occidentale – des différences radicales entre la représentativité dans la Tunisie de Ben Ali ou à Tottenham, ou dans la Brixton de Cameron, on feint simplement de ne pas voir l'évidence : la vie a été trop compressée et saccagée pour ne pas exploser en un mouvement de révolte. Sans parler des dispositifs de répression, qui reportent l'Angleterre aux temps de l'accumulation originaire, aux prisons de Moll Flanders ou aux usines d'Oliver Twist. A l'affichage des photos des jeunes révoltés sur les murs et sur les écrans des villes anglaises, il faudrait vraiment opposer l'impression grand format des faces de porc (autre variante des PIGS ?) des patrons des banques et des lois de finance qui ont conduit des quartiers entiers à cette condition, et qui continuent à faire de la crise une occasion de profit.
Revenons à la vulgate des journaux. Ces révoltes seraient différentes, en outre, du point de vue éthico-politique. Certaines seraient légitimes, comme dans les pays du Maghreb, car là-bas la corruption des régimes dictatoriaux aurait conduit à des conditions de misère; les protestations des étudiants italiens ou des « indignados » seraient compréhensibles car « la précarité est laide »; les révoltes des prolétaires anglais ou français sont criminelles, de simples mouvements d'expropriation de ce qui ne leur appartient pas, de vandalisme, et de haine raciale.
Tout cela est faux en grande partie car ces révoltes tendent – parmi les diversités, qu'il ne s'agit pas ici de nier – à posséder une nature commune. Ce ne sont pas des révoltes « juvéniles » mais bien des révoltes qui interprètent des conditions sociales et politiques considérées insupportables par des strates de la population toujours plus majoritaires. La dégradation du salaire de travail et du salaire social est allée outre cette limite que les économistes classiques et Marx identifiaient dans le niveau de reproduction des travailleurs et qu'ils appelaient « salaire nécessaire ». Et maintenant, que les journalistes déclarent donc que ces luttes sont produites par les dérives du consumérisme, s'ils osent !
Il en découle une première conclusion. Ces mouvements peuvent être définis comme « recompositionnels ». Ils pénètrent, en effet, les populations – qu'il s'agisse de travailleurs jusqu'à présent garantis ou de précaires, de chômeurs ou de ceux qui n'ont jamais connu d'autre chose que des « activités », un art de s'en sortir, des boulots au noir – et ils en exhaltent les moments de solidarité dans la lutte contre la misère. Dans la pauvreté et dans la lutte pour réagir à cela, les classes moyennes déclassées, le prolétariat migrant et non migrant, les travailleurs manuels et cognitifs, les retraités, les femmes au foyer et les jeunes se rejoignent. Ils retrouvent les conditions d'une lutte unitaire.
En deuxième instance, il saute immédiatement aux yeux (et c'est surtout cela qui fait horreur aux interlocuteurs qui prétendent de voir des caractéristiques consuméristes dans ces mouvements) qu'il ne s'agit pas ici de mouvements chaotico-nihilistes, il ne s'agit pas de mettre au feu pour mettre au feu, et on ne veut pas décréter la puissance destructrice d'un inédit no future. Quarante ans après le mouvement punk (qui fut d'ailleurs, en dépit des stéréotypes, passionnément productif), ce ne sont pas des mouvements qui décrètent la fin de tout futur après l'avoir enregistrée et introjectée, mais bien au contraire ils veulent construire le futur. Ils savent que la crise qui les touche n'est pas dûe au fait que les prolétaires ne produisent pas (sous patron ou dans les conditions générales de la coopération sociale qui désormais innerve les processus de captation de la valeur), ou qu'ils ne produisent pas assez, mais au fait qu'ils sont dérobés du fruit de leur productivité; c'est-à-dire qu'ils doivent payer une crise qui n'est pas la leur; qu'ils ont déjà payé pour les systèmes de santé, de retraitement, d'ordre public pendant que la bourgeoisie accumulait pour les guerres et expropriait pour son profit. Mais surtout ils savent qu'il n'y a pas de sortie de la crise si eux, les révoltés, ne mettent pas les mains dans les mécanismes de pouvoir et dans les rapports sociaux qui règlent ces mécanismes. L'on objectera que ces mouvements ne sont pas politiques. Quand bien même ils exprimeraient des positions politiquement correctes (comme il s'est passé pour les insurgés nord-africains ou pour les indignados espagnols) – les critiques ajoutent – ces mouvements sont préjudiciablement en dehors ou en position critique face à l'ordre démocratique.
Et à raison, ajouterions nous : dans l'ordre politique actuel il est difficile, sinon impossible, de trouver des brèches, des passages, des parcours à travers lesquels un projet qui attaque les politiques actuelles de dépassement de la crise puisse se donner. Droite et gauche, presque toujours, se valent. La taxe sur le patrimoine concerne les revenus de 40/50 mille euro pour les uns, et de 60/70 mille euros pour les autres : celle-ci serait la différence ? La défense de la propriété privée, l'extension des privatisations et des libéralisations sont à l'ordre du jour dans chaque camp. Le système électoral est désormais purement et simplement réduit à un système de sélection de délégués des classes privilégiées. Etc, etc. Les mouvements attaquent tout cela : sont-ils politiques ou pas quand ils le font ? Ces mouvements sont politiques car ils se posent sur un terrain non revendicatif mais constituant. Ils attaquent la propriété privée car ils la connaissent en tant que forme de leur oppression et ils insistent plutôt sur la constitution et l'auto-gestion de la solidarité, du Welfare, de l'éducation – bref, du commun, car voici-là désormais l'horizon de vie des vieux et des nouveaux pauvres.
Bien sûr, personne n'est assez stupide pour penser que ces révoltes produisent immédiatement de nouvelles formes de gouvernement. Ce que, toutefois, ces révoltes nous enseignent, c'est que « l'un s'est divisé en deux », que la compacité apparemment sans failles du capitalisme est désormais uniquement une vieille fantasmagorie – qu'il n'y a pas moyen de la réunifier, que le capital est définitivement schizophrénique, et que la politique des mouvements ne peux que se situer immédiatement dans cette rupture.
Nous espérons que les camarades qui considéraient les insurrections un outillage désuet des politiques de l'autonomie seront capables de réfléchir sur ce qui est en train de se passer. Ce n'est pas en s'usant dans l'attente d'échéances parlementaires, mais en inventant de nouvelles institutions constituantes du commun en révolte que nous pourrons comprendre, tous ensemble, l'à-venir.
*Traduit par Francesca Martinez
Source : UniNomade.org
Source : UniNomade.org
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Il comune in rivolta
di JUDITH REVEL e TONI NEGRI
Non ci voleva molta immaginazione per « strologare » rivolte urbane nella forma dellejacqueries, una volta che l’analisi della crisi economica attuale fosse stata ricondotta alle sue cause ed ai suoi effetti sociali. In Commonwealth, fin dal 2009, era stato infatti previsto. Quello che non ci saremmo mai attesi, all’incontrario, è che in Italia, nel movimento, questa previsione fosse rifiutata. Sembrava infatti, ci fu detto, antica; si disse invece: ora è il momento di ricostruire fronti larghi contro la crisi, di stabilire nei movimenti forme di organizzazione-comunicazione-riconoscimento che tocchino la rappresentanza politica.
Bene, adesso ci si trova tuttavia di fronte a movimenti che si esprimono in forme insurrezionali più o meno classiche, ma che si danno ovunque, sradicando così la vecchia grammatica geopolitica nella quale alcuni continuavano ostinatamente a voler pensare. Si danno cioè:
1) laddove un proletariato nuovo – fatto di precari et di disoccupati – si congiunge a classi medie in crisi: soggetti diversi che si unificano in modo inedito nella lotta, come nei paesi del sud-mediterraneo, per chiedere nuove forme di governo, più democratiche. La dittatura politica dei vari Ben Ali e quella politico-economica delle nostre democrazie di facciata non saranno certo equivalenti – anche se le seconde hanno per decenni accuratamente costruito, appoggiato e protetto le prime – ma ormai la voglia di democrazia radicale è ovunque e traccia un comune di lotta a partire da fronti diversi, permette intrecci e mescolanze, ibrida le rivendicazioni dagli uni con quelle degli altri;
2) dove le medesime forze sociali, che soffrono della crisi in società con rapporti di classe ormai decisamente controllati da regimi finanziari in economie miste, manifatturiere e/o cognitive, si muovono su terreni diversi con pari determinazione (i movimenti degli operai, degli studenti, e dei precari in genere, prima; ed ora movimento sociali complessi del tipo “acampados”);
3) dove la ripresa di movimenti di puro rifiuto, attraversati da composizioni sociali quanto mai complesse, stratificate sia verticalmente (classi medie che precipitano verso il proletariato dell’esclusione), sia orizzontalmente (nelle diverse sezioni della metropoli, fra gentrificazione e zone ormai “brasilianizzate” – come ricorda la Sassen –, dove cioè i rapporti fra gang cominciano a lasciare segni di kalashnikov sulle pareti dei quartieri, perché l’unica – drammatica, entropica – alternativa all’organizzazione delle lotte è quella della criminalità organizzata).
Le attuali rivolte inglesi appartengono a questa terza specie ed assomigliano molto a quelle che hanno attraversato qualche tempo fa le banlieues francesi: misto di rabbia e di disperazione, di frammenti di auto-organizzazione e di spezzoni di sedimentazione di altro tipo (gruppi di quartiere, solidarietà di rete, tifoserie ecc.), esprimono ormai l’insopportabilità di una vita ridotta a macerie. Le macerie che le rivolte lasciano dietro a se stesse, senz’altro inquietanti, non sono alla fine così diverse da quelle che costituiscono il quotidiano di molti uomini e donne oggi: brandelli di vita ad ogni modo.
Come aprire la discussione su questo complesso di fenomeni dal punto di vista di un pensiero del comune? Quanto verremo qui di seguito formulando, ha la sola intenzione di aprire uno spazio di dibattito.
Innanzitutto, ci sembra si tratti di respingere alcune interpretazioni che i mezzi di comunicazione delle classi dominanti veicolano.
Si sostiene in primo luogo, che si tratta di movimenti (questi di cui parlavamo) da considerare, dal punto di vista politico, nella loro “radicale” diversità. Ora, che questi movimenti siano politicamente diversi è ovvio. Ma che lo siano “radicalmente” è semplicemente idiota. Tutti questi movimenti sono, infatti, radicalmente qualificati non semplicemente – a secondo dei casi – dall’opposizione a Ben Ali o ad altri dittatori, non dalla denuncia del tradimento politico di Zapatero o di Papandreou, non dall’odio nei confronti di Cameron o dal rifiuti dei diktat della BCE – ma piuttosto, tutti insieme, dal rifiuto di pagare le conseguenze dell’economia e della crisi (niente sarebbe più errato che considerare la crisi come catastrofe accaduta all’interno di un sistema economico sano; niente di più terribile del rimpianto per l’economia capitalistica prima della crisi), cioè dell’enorme spostamento di ricchezza che queste stanno provocando a favore dei potenti, organizzati nelle forme politiche dei regimi occidentali (democratici o dittatoriali, conservatori o riformisti…).
Queste sono rivolte che nascono in Egitto o in Spagna o in Inghilterra, dal rifiuto allo stesso tempo, dell’assoggettamento, dello sfruttamento e del saccheggio che l’economia ha predisposto sua vita di intere popolazioni del mondo, e delle forme politiche nelle quali la crisi di questa appropriazione biopolitica è stata gestita. E questo vale anche per tutti i regimi cosiddetti “democratici”. Questa forma di governo non sembra preferibile, se non per l’apparente “civiltà” con la quale maschera l’attacco sferrato alla dignità e all’umanità delle esistenze che frantuma: la dissoluzione dei rapporti di rappresentanza ha raggiunto misure rovinose. Quando si afferma che esistono – secondo i criteri della democrazia occidentale – differenze radicali fra la rappresentanza nella Tunisia di Ben Ali o nella Tottenham, o nella Brixton di Cameron, si finge semplicemente di non vedere l’evidenza: la vita è stata troppo compressa e saccheggiata per non esplodere in un moto di rivolta. Per non parlare dei dispositivi di repressione, che riportano l’Inghilterra ai tempi dell’accumulazione originaria, alle prigioni di Moll Flanders o alle fabbriche di Oliver Twist. All’affissione delle foto dei ragazzi rivoltosi sui muri e sugli schermi delle città inglesi, andrebbe davvero opposta la stampa grand format delle facce da maiali (altra variante dei PIGS?) dei padroni delle banche e delle finanziarie che hanno condotto interi quartieri a quella condizione, e che continuano a fare della crisi occasione di profitto.
Torniamo alla vulgata dei giornali. Diverse sarebbero queste rivolte, poi, dal punto di vista etico-politico. Alcune legittime, come nei paesi del Maghreb, perché la corruzione dei regimi dittatoriali avrebbe condotto a condizioni di miseria; comprensibili quelle degli studenti italiani o degli “indignados” perché “precarietà è brutto”; criminali quelle dei proletari inglesi o francesi, semplici movimenti di appropriazione di quello che non è loro, di vandalismo, e di odio razziale.
Tutto ciò è in gran parte falso, perché queste rivolte tendono – fra le diversità, che non si tratta qui di negare – ad avere natura comune. Non sono rivolte “giovanili”, ma rivolte che interpretano condizioni sociali e politiche considerate del tutto insopportabili da strati di popolazione sempre più maggioritari. La degradazione del salario lavorativo e di quello sociale è andata oltre quel limite che gli economisti classici e Marx identificavano nel livello di riproduzione dei lavoratori e chiamavano “salario necessario”. Ed ora, che i giornalisti dichiarino che queste lotte sono prodotte da derive del consumismo, se osano!
Ne viene una prima conclusione. Questi movimenti possono essere “ricompositivi”. Essi penetrano in effetti le popolazioni – che si tratti di lavoratori finora garantiti o di precari, di disoccupati o di chi non ha mai conosciuto altro che “attività”, arte di arrangiarsi, lavoretti sommersi – e ne esaltano i momenti di solidarietà nella lotta contro la miseria. Nella povertà e nella lotta per reagirvi si ricongiungono ceti medi declassati e proletariato migrante e non, lavoratori manuali e cognitivi, pensionati, casalinghe e giovani. Qui si ritrovano condizioni di lotta unitaria.
In secondo luogo, salta immediatamente agli occhi (ed è questo che soprattutto inorridisce gli interlocutori che pretendono vedere caratteristiche consumistiche in questi movimenti) che questi non sono movimenti caotico-nichilisti, che non si tratta di bruciare per bruciare, che non si vuole decretare la potenza distruttiva di un no future inedito. Quarant’anni ormai dopo il movimento punk (che fu peraltro, alla faccia degli stereotipi, appassionatamente produttivo), non sono movimenti che decretano, avendola registrata e introiettata, la fine di ogni futuro ma che al contrario vogliono costruirlo. Essi sanno che la crisi che li tocca non è dovuta al fatto che i proletari non producono (sotto padrone o nelle condizioni generali della cooperazione sociale che ormai innerva i processi di captazione del valore), o non producono abbastanza, ma al fatto che sono derubati del frutto della loro produttività; che cioè essi devono pagare una crisi che non è la loro; che i sistemi di sanità, di pensionamento, di ordine pubblico, se li sono già pagati mentre la borghesia accumulava per le guerre ed espropriava per il suo proprio profitto. Ma soprattutto sanno che dalla crisi non si uscirà se loro, i rivoltosi, non mettono le mani nei meccanismi di potere e nei rapporti sociali che quei meccanismi regolano. Ma, si obbietterà, quei movimenti non sono politici. Quand’anche esprimessero posizioni politicamente corrette (come spesso è avvenuto per gli insorti nord-africani o per gli indignados spagnoli) – aggiungono i critici – quei movimenti si pongono pregiudizialmente fuori o in posizione critica dell’ordine democratico.
Per forza, ci sembra di poter aggiungere: nell’ordine politico attuale, è difficile, se non impossibile, trovare fori, passaggi, percorsi attraverso i quali un progetto che attacchi le attuali politiche di superamento della crisi, possa darsi. Destra e sinistra, quasi sempre, si equivalgono. La patrimoniale riguarda i redditi da 40/50 mila euro per gli uni, quella di 60/70 mila euro per gli altri: sarebbe quella la differenza? La difesa della proprietà privata, l’estensione delle privatizzazioni e delle liberalizzazioni sono all’ordine del giorno di ciascuna parte. Il sistema elettorale è ormai puramente e semplicemente ridotto a sistema di selezione di delegati dei ceti privilegiati. Ecc, ecc. I movimenti attaccano tutto questo: sono politici o no quando lo fanno? I movimenti sono politici perché si pongono su un terreno non rivendicativo ma costituente. Attaccano la proprietà privata perché la conoscono come forma della loro oppressione ed insistono piuttosto sulla costituzione e la gestione della solidarietà, del Welfare, dell’educazione – insomma, del comune, perché ormai è questo l’orizzonte di vita dei vecchi e dei nuovi poveri.
Naturalmente nessuno è tanto stupido da pensare che queste rivolte producano immediatamente nuove forme di governo. Ciò che tuttavia queste rivolte insegnano è che “ l’uno si è diviso in due”, che la compattezza apparentemente senza faglie del capitalismo è ormai solo una vecchia fantasmagoria – che non c’è modo di riunificarla, che il capitale è definitivamente schizofrenico, e che la politica dei movimenti non può che situarsi immediatamente dentro questa rottura.
Noi speriamo che i compagni che ritenevano le insurrezioni un vecchio arnese delle politiche dell’autonomia sappiano riflettere su quanto sta avvenendo. Non è sfiancandosi nell’attesa di scadenze parlamentari, ma inventando nuove istituzioni costituenti del comune in rivolta, che tutti insieme potremo comprendere l’a-venire.
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The common in revolt
It did not take much imagination, once the analysis of the current economic crisis had been brought back to its causes and social effects, to foretell urban revolts akin to jacqueries. Commonwealth had predicted that already in 2009. What we did not expect, on the contrary, is that in Italy, in the movement, this prediction could be rejected. It seemed in fact, we were told, ancient; they told us, instead: now is the time to rebuild broad fronts against the crisis and establish within the movements forms of organization-communication-recognition to address political representation.
Well, now we are nonetheless facing movements that express themselves in more or less classic insurrectionary forms and yet are everywhere, thus uprooting the old geopolitical grammar within which someone stubbornly kept thinking. What we have is, therefore:
1) A new proletariat, made of precarious and unemployed workers, joins the middle classes in crisis. These are diverse subjects unifying in unusual ways in the struggle, asking, as in the countries of the Southern Mediterranean, new, more democratic forms of government. The political dictatorship of the Ben Alis and the political-economic one of our fake democracies may not be equivalent – although for decades the latter have accurately built, supported, and protected the former – but by now the urge for radical democracy is everywhere and marks a common of struggles emerging from different sides, blending and intertwining, cross-breeding one another’s demands.
2) The very same social forces, those suffering from the crisis in societies with class relationships by now definitely controlled by financial regimes within mixed, manufacturing and/or cognitive economies, are moving across different terrains (first movements of workers, students, and precarity more generally; now complex social movements of the “acampados” kind) with equal determination.
3) The resurgence of movements of pure refusal is crisscrossed by a societal composition as complex as ever, stratified both vertically (i.e. middle classes plunging towards the excluded proletariat) and horizontally (i.e. in relation to different sectors of the metropoles, torn between gentrification and – as Saskia Sassen notices – “Brazilianized” zones, where clashes among gangs start leaving the marks of AK-47 bullets on the walls of those neighborhoods where the sole – dramatic, entropic – alternative to organized struggles is organized crime).
The current English revolts belong to this third kind and are quite similar to the ones that some time ago have affected the French banlieues: a mix of anger and desperation, fragments of self-organization and crystallizations of other kinds (neighborhood associations, networked solidarities, soccer fans’ clubs, etc.) expressing by now the unbearability of lives turned to rubble. The rubble, surely unsettling, these revolts leave behind them is not in the end so different from what the everyday lives of so many men and women is made of today: shreds of life in one way or another.
How can we open a discussion on these complex phenomena from the standpoint of thinking the common? What we argue below has the mere intention to open a space for debate.
First and foremost, it seems to us that we need to debunk some interpretations voiced by the mass media of the ruling classes. They argue, to begin with, that these movements we are discussing should be considered, from a political point of view, in their “radical” diversity. Now, it is obvious that these movements are politically diverse. But to say that they are “radically” so is simply idiotic. All these movements are, in fact, radically characterized not only because they oppose Ben Ali or other dictators, whatever is the case, or because they denounce Zapatero’s or Papandreou’s political betrayal, or because they hate Cameron or refuse the impositions of the European Central Bank. They are, rather, characterized as radical because all of them refuse to pay for the consequences of the economy and the crisis (nothing would be more mistaken than considering the crisis as a catastrophe striking a fundamentally sane economic system; nothing would be more terrible than nostalgia for the capitalist economy before the crisis), which is to say the huge movement of wealth that is now taking place to the benefit of the powerful, organized as they are in the political forms of the Western regimes (democratic or dictatorial, conservative or reformist alike…).
These are revolts born, in Egypt, Spain, or England, out of the simultaneous refusal of the subjection, exploitation and plunder this economy has prepared for the lives of entire populations of the world, and the political forms within which the crisis of this biopolitical appropriation has been managed. And this is also true for all the so-called “democratic” regimes. Such a form of government appears only preferable for the seeming “civility” with which it masks the attack on the dignity and humanity of the existences it crushes, but the vanishing of political representation is now at the point of collapse. To argue that there are – according to the criteria of Western democracy – radical differences between the representativeness of Ben Ali’s Tunisia and Cameron’s Tottenham or Brixton, is simply to denying the evidence: life has in both cases been so violated and plundered that it cannot but explode in a movement of revolt. Not to talk of mechanisms of repression, which are bringing England back to the times of primitive accumulation, to the jails of Moll Flanders and the factories of Oliver Twist. To the mugshots of youth in rebellion posted on the walls and the screens of England’s cities one should really juxtapose large sized prints of the swinish faces (a variant of the PIGS?) of the bankers and financial corporate bosses that have turned entire communities to that condition, and keep fattening their profits out of this crisis.
Let’s go back to the newspaper’s trivia. They also say that these revolts are different from an ethical-political standpoint. Some would thus be legitimate, as in the Maghreb countries, because there the corruption of dictatorial regimes has led to miserable conditions; the protests of the Italian students or the Spanish “indignados” would still be understandable because “precarity is bad”; the revolts of the English or the French proletariat are, instead, “criminal” as they are allegedly marked by mere looting of other people’s property, hooliganism and racial hatred.
All this is largely false, because these revolts tend – with all the differences among them, which we don’t deny – to have a common nature. They are not “youthful” revolts, but revolts that understand social and political conditions that increasingly large layers of the population consider entirely unbearable. The degradation of the working and social wage has gone beyond the threshold identified by classical economists and by Marx with the level of workers’ reproduction, which they called a “necessary wage”. And now, we dare the journalists to argue that these struggles are produced by excesses of consumerism!
Here comes a first conclusion. These movements can be defined as “recompositional”. They actually penetrate populations – be they workers guaranteed up to now or precarious ones, unemployed or those who have only known odd jobs, improvisation and off-the-books activities – exalting their moments of solidarity in their struggle against destitution. Declining middle classes and the proletariat, migrant and not, manual and cognitive workers, retirees, housewives, and youth are joined in poverty and the struggle to oppose it. Here they found conditions for a united struggle.
Second, it is immediately apparent (and this is what mostly terrifies those who assume consumerist characteristics in these movements) that these are not chaotic and nihilistic movements, that they are not about burning for burning’s sake, that
they don’t just want to sanction the destructive potency of an unforeseeable “no future”. Forty years after the punk movement (which on the other hand was, in spite of the stereotypes, passionately productive), these are not movements declaring the end, recorded and internalized, of every future; they rather want to build the future. They know that the crisis affecting them is not due to the fact that the proletariat does not produce – either under a boss or in the general condition of social cooperation by now underpinning processes of capture of value – or does not produce enough, but is happening because they are robbed of the fruit of their productivity; which is to say, they are forced to pay for a crisis that is not their own; they have already paid for healthcare, retirement and public order systems while the bourgeoisie was accumulating for war and expropriating for its own profit. But mostly they know that there’s no way out of this crisis until they, the rebels, don’t handle the power mechanisms and the social relations that regulate those mechanisms. But, one may object, these
are not political movements. Even if – the critics add – they expressed politically correct positions (as it has often happened for the North-African insurgents or the Spanish “indignados”) these movements are prejudicially outside or critical towards the democratic order.
they don’t just want to sanction the destructive potency of an unforeseeable “no future”. Forty years after the punk movement (which on the other hand was, in spite of the stereotypes, passionately productive), these are not movements declaring the end, recorded and internalized, of every future; they rather want to build the future. They know that the crisis affecting them is not due to the fact that the proletariat does not produce – either under a boss or in the general condition of social cooperation by now underpinning processes of capture of value – or does not produce enough, but is happening because they are robbed of the fruit of their productivity; which is to say, they are forced to pay for a crisis that is not their own; they have already paid for healthcare, retirement and public order systems while the bourgeoisie was accumulating for war and expropriating for its own profit. But mostly they know that there’s no way out of this crisis until they, the rebels, don’t handle the power mechanisms and the social relations that regulate those mechanisms. But, one may object, these
are not political movements. Even if – the critics add – they expressed politically correct positions (as it has often happened for the North-African insurgents or the Spanish “indignados”) these movements are prejudicially outside or critical towards the democratic order.
Of course, we would like to add: it is difficult if not impossible to find, in the current political order, passages and paths through which a project attacking the current policies for overcoming the crisis can take place. Right and left are, almost always, alike. For the former the wealth tax should hit incomes of 40-50,000 Euros, for the latter of 60-70,000 Euros: is this the difference? The defense of private property, the extension of privatization and liberalization are in the agendas of both sides. Electoral systems are by now reduced to the pure and simple selection of delegates from the privileged strata, and so on and so forth. These movements are attacking all this: are they political or not when they do so? These movements are political because they position themselves on a constituent, not a claim-making, terrain. They attack private property because they know it as the form of their oppression and rather insist on the constitution and self-management of solidarity, welfare, education – in short of the common, because this is by now the horizon for old and new powers.
Of course no one is so stupid to think that these revolts immediately produce new forms of government. What, nonetheless, these revolts teach is that “the one is now split into two”, that the seemingly flawless solidity of capitalism is by now only an old phantasmagoria, which in no way can be brought back together, that capital is immediately schizophrenic and the politics of the movements can only locate itself within this fracture.
We hope that those comrades who believed insurrections to be an outdated tool of autonomist politics will be able to reflect on what’s going on. It is not by wearing ourselves off waiting for parliamentary deadlines but by inventing new constituent institutions for the common in revolt that we can understand together what is to come.
* Translated by Franco Barchiesi
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