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Monsieur le Maire,
Malgré nos plaintes répétées, vous n’avez toujours pas pris les mesures
nécessaires pour que la tranquillité des Tunisiens récemment arrivés en
France soit assurée. C’est avec regret que nous vous informons que si
vous ne prenez pas, sous quinze jours, des mesures efficaces envers
cette population de jeunes femmes et hommes héroïques, nous nous
verrions dans l’obligation d’entamer une grève générale des Parcs
Jardins et Espaces Verts.
En effet, depuis déjà plusieurs semaines nous, Comité Parisien des
Employés des Parcs Jardins et Espaces Verts, vous avons de multiples
fois interpellé afin que vous trouviez une solution digne pour ces
migrants Tunisiens. Devant la volonté d’étouffement de notre mouvement
de solidarité par vos services, nous tenons à informer le public que
nous nous sommes constitués suite aux occupations, dans nos espaces de
travail quotidien, de ces migrants. Dans l’ensemble des parcs, jardins
et espaces verts, les employés, émus par le sort de ces personnes, ont
décidé de s’unir et de soutenir leur lutte au sein d’un Comité à l’image
de ceux qui ont fait la Révolution Tunisienne.
Nous nous permettons, Monsieur le Maire, d’attirer votre attention sur
le fait que leur Révolution sera désormais aussi la nôtre, et que nous
irons jusqu’au bout avec eux pour l’obtention d’un logement décent.
D’ailleurs, ce contexte révolutionnaire a réveillé en nous le souci du
droit au logement pour tous. Et nous réclamons dès aujourd’hui la
réquisition, par la Mairie de Paris, des milliers de logements,
honteusement vides, pour tous les sans-abri.
Du reste, pourquoi donc des milliers de Tunisiens afflueraient ils
subitement sur l’Europe, si ce n’est parce que les autorités corrompues
que vous soutenez publiquement sont en train de tuer tout espoir de
changement en Tunisie ? Alors que vous célébrez le jasmin sur le parvis
de l’hôtel de Ville de Paris, M. Beji Caied Sebsi (ayant appartenu
jusqu’à la dernière minute au RCD du dictateur Ben Ah), premier ministre
de l’actuel gouvernement de transition tunisien, que vous accueilliez
dans la capitale le 18 mai dernier, continue de faire couler le sang de
son peuple.
Vous êtes doublement coupable, Monsieur Delanoë. D’une part de vous
taire sur la répression qui fait des morts chaque jour - et ne parlons
pas des arrestations, tortures, et divers viols, des leaders de la
Révolution - et d’autre part de laisser dormir par terre tout ceux qui
ont fui les persécutions et le chômage. Ou plutôt faudrait-il dire
qu’ils ont voulu quitter le sous-développement organisé d’un pays tout
entier en dehors des zones touristiques fabriquées pour la bourgeoisie
lobotomisée des pays développés - celle qui, encore pleine de l’huile de
massage de ses thalassos à Djerba, vote pour vous, Monsieur le Maire.
Vous nous direz bien que certains endroits sont exotiques et équitables,
et le porc jasminologue, Serge Moati, votre théoricien, nous fera des
contes sur l’histoire de la Tunisie - cependant, n’oubliera-t-il pas de
nous parler de la technique du coup de matraque sur la verge, réservée
aux opposants politiques, que M. Sebsi a mis à la mode dans les années
60 lorsqu’il s’occupait du Ministère de l’intérieur ?
Zebi ! Non, nous n’aurons droit qu’au jasmin, et vous croyez visiblement
pouvoir nous en faire avaler, avec les racines et le terreau, des pots
entiers.
Nous vous prions toutefois d’agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de
notre considération distinguée.
Le Comité Parisien des Employés des Parcs Jardins et Espaces Verts
Direction des Parcs Jardins et Espaces Verts, 105 Rue Rambuteau 75001 Paris
À Paris, le 21 mai 2011
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